dimanche 27 septembre 2009

Ara Güler - Lost Istanbul, Années 50-60


Maison européenne de la photographie, Paris

du 9 septembre au 11 octobre 2009

Ara Güler, (1928, -). Reporter-photographe pour Time Life, Paris Match, Der Stern, dès 1961 agence Magnum.




Le monde ouvrier non pas réduit à son geste de travail, mais dans ce qu’il a de plus humain encore : les interstices : les moments d’échanges, les discussions sur un ponton de quai, là où l’on prend le temps d’écouter, de regarder son interlocuteur. Où le travail c’est d’abord une relation, pas encore aliénée par le monde industriel.

L’homme toujours plus qu’un simple travailleur, tel vieux pêcheur, un chapelet à la main, ou ces trois personnages sur le pont de Galata, contemplant les fumées du port, ou ce marchand de tissus plongé dans sa lecture.

L’homme dans son humanité profonde : qui va au-delà de la simple activité : contemplateur, communiquant, tourné vers l’autre, vers le passé, vers l’au-delà. L’homme n’est jamais réductible à sa simple fonction économique, il n’est jamais seulement ouvrier, commerçant, pêcheur : Les différentes dimensions de la pensée : la mémoire et la nostalgie, de ceux qui regardent le monde changer, le paysage se transformer et leur histoire lentement effacée. L’homme religieux, celui qui se souvient, la femme silhouette mystérieuse


Les cafés : le temps après la journée, encore un interstice : où l’on joue, bois ou dors. La rue, pierres polies et irrégulières, lieux de vie, où l’on prend du temps, où l’on s’arrête, parle, jeux d’enfants. Les lieux de prière : espaces hors du temps profane : lieux du Désir, de la demande, de l’attente..

En contraste, la ville moderne et ses foules, les visages n’apparaissent plus, de simples silhouettes lointaines, furtives, remplacent la présence ancrée dans le temps des pêcheurs des artisans.

Les lignes du tram, les perspectives nous éloignent. Deux univers aux rythmes différents, telles ces charrettes et chevaux ralentissant le passage du tram. Deux mondes qui cohabitent. Pour combien de temps encore ?

Une ville moderne comme toutes les autres, taxis, bars de nuit, quais de gare, enseignes lumineuses semble prendre la place de l’autre..de ces lieux de vie ; où les rues sont les places de jeux des petits, lieu de rencontre des vieux assis sur le trottoir.

La mer, personnage féminin de la ville, omniprésente, lieu de profusion : ces pêches luisantes, comme des offrandes archaïques, mais aussi de séparation, départs, attente entre deux voyages. On s’attendrait presque à y croiser Corto..dans un contre jour sombre et lumineux.


A lire : le magnifique texte d’Ohran Pamuk en ouverture du catalogue sur sa mémoire de la ville


L’expo est organisée dans le cadre de la saison de la Turquie en France


Catalogues : Istanbul, Paris, éd. du Pacifique, 2009, 180 p. texte de Ohran Pamuk

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philosophe, spécialisée dans l'éthique de la communication et de l'information.